V. La tolérance
- Titre
- V. La tolérance
- Type
- Actes du colloque
- Créateur
-
Université de Nantes
- Date
- Publication des Actes : 2000
- Description
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Trouver la bonne distance, apprendre à la régler, c’est un problème à la fois théorique et pratique ; et, s’il nous fallait étudier la tolérance, c’était pour tenter de penser non pas séparément, mais ensemble, ses différentes dimensions. « Aussi douloureux que cela puisse être pour le philologue classique », insiste Jackie Pigeaud, « il lui faut bien convenir que l’idéal grec, tel qu’il s’est élaboré à la fin du XVIIIe siècle, a servi à constituer une norme raciale et raciste qui nous est insupportable ». Voilà de détestables théories qui ont la vie longue. Un crâne trop réduit, un angle facial trop large, une disparité trop accentuée entre la hauteur de la tête et la stature, et voilà que vous êtes qualifié d’ « idiot » par Pinel lui-même. La définition fonctionne comme une exclusion. Que sont le pongo, l’idiot, le cagot, pour parler comme Esquirol ? Sont-ce des sauvages ? Sont-ce des hommes ? Jackie Pigeaud s’appuie sur Rousseau, Linné, de Paw, Itard, pour montrer combien la mixité fascine au tournant des Lumières et au XIXe siècle.
Ici l’imaginaire est à la fois ce contre quoi il faut lutter et ce dont il importe de restituer les droits. « Ma sœur la sirène, mon frère l’orang-outang », écrit affectueusement Pigeaud. Socrate était-il fou comme prétendit le démontrer Lelut en 1836 ? Accrochons-nous à l’idée suivante : « Nous serions inquiet par une pensée qui voudrait bannir, évacuer le démon de Socrate. Nous croyons que toute pensée vraiment profondément rationnelle, doit s’appliquer à sauver le démon de Socrate ».
Qu’implique pareille position ? D’une part, il faut nous méfier des définitions comme étant ce que Jackie Pigeaud appelle des « sanctions trop rapides de la limite ». D’autre part, il faut en revenir à un être ambigu, mixte, proprement énigmatique : « Il est à l’origine de notre philosophie. Et c’est lui qu’il faut penser, comme l’énigme de l’Autre ». Jackie Pigeaud avait décidément l’art de nous dévoiler les trésors que recèle une incertitude bien placée.
| Baldine Saint Girons, "Savoir et création", XXIIIe Entretiens de la Garenne Lemot, Rennes, PUR, 2022, p.163"| -
Présentation des 5èmes entretiens de la Garenne Lemot
- Format
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- Format A4
- 305 pages
- 20 interventions
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- Eric van der Schueren, Université de Laval, Canada, directeur de la publication : « Présentation », p.7-23.
- Alain Michel, Professeur Honoraire à l’Université de Paris IV-Sorbonne, Membre de l’Institut : « A propos de l’Édit de Nantes : la tradition latine et la tolérance », p. 25-35.
- Philippe Heuzé, Université de Paris III – Sorbonne Nouvelle (latin) : « Énée sur le chemin de la tolérance », p. 37-43.
- Henri Lavagne, École pratique des Hautes Études, Paris (IVe section – histoire) : « La tolérance de l’Église et de l’État à l’égard des œuvres d’art du paganisme dans l’Antiquité tardive », p. 45-54.
- Édouard Pommier, Inspecteur général honoraire des Musées de France : « Diabolisation, tolérance, glorification ? La Renaissance et la sculpture antique », p. 55-70.
- Yvon Le Gall, Université de Nantes (droit) : « Le Traité de la peinture et de la sculpture de G. Domenico Ottonelli et Pietro da Cortona. La fin des imprécateurs ? », p. 71-93.
- Jean Dhombres, CNRS, Centre Koyré, Centre François Viète, Nantes, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris (histoire des mathématiques et des sciences) : « Aurait-il aussi fallu des édits de tolérance en science au XVIe siècle ? », p. 95-109.
- Patrick Dandrey, Université de Paris IV-Sorbonne (littérature française –XVIIe) : « Éloge de la frivolité. Tolérance et idéal mondain au XVIIe siècle », p.111-123.
- Jean-Michel Vienne, Université de Nantes (philosophie) : « La tolérance de Spinoza à Locke », p.125-132.
- Jean-Pierre Cléro, Université de Rouen (philosophie) : « L’utilité est-elle le meilleur fondement de la tolérance ? », p. 133-146.
- Baldine Saint Girons, Université de Paris X-Nanterre (philosophie) : « La tolérance est-elle une vertu?», p. 147-160.
- Philippe Roger, Université de Paris IV-Sorbonne (langue et littérature françaises XVIIe et XVIIIe siècles), CNRS, École des Hautes Études en Sciences Sociales (Centre de recherches sur l’Europe), Paris : « Tolérance et ‘minorités’ à l’âge des Lumières », p. 161-173.
- Pierre Carboni, Université de Nantes (anglais) : « La tolérance et la norme dans l’expression nationale écossaise au XVIIIe siècle : L’anglais face aux langues vernaculaires », p. 175-183.
- Gunter Volz, Université de Nantes (allemand) : « La paix civile grâce à la tolérance religieuse. Quelques options dans la presse allemande de la fin du XVIIIe siècle », p. 185-200.
- Michelle Gendreau-Massaloux, Conseillère d’État ; ancien recteur de l’Académie de Paris ; Chancelier des Universités : « Réflexions d’une hispaniste », p. 201-210.
- Nicole Dhombres, historienne, Nantes : « Lazare Carnot l’encyclopédiste : théologie, morale et politique de la tolérance », p. 211-219.
- Michel Delon, Université de Paris IV-Sorbonne (littérature française – XVIIIe) : « La tolérance en amour : de Sade à Fournier », p. 221-229.
- Jean-Paul Barbe, Professeur honoraire à l’Université de Nantes (allemand) : « Le moine, le juif, le nègre. Ou le cercle des intolérances », p. 231-241.
- Jackie Pigeaud, Université de Nantes, Membre de l’Institut Universitaire de France (latin, histoire de la médecine) : Le pongo, l’idiot et le cagot. Quelques remarques sur la définition de l’autre », p.243-262.
- David Spurr, Université de Neuchâtel, Suisse (anglais) : « La comédie de l’intolérance chez Joyce et Proust », p. 263-278. - Contributeur
- Avec le soutien de l'université de Nantes, le laboratoire L'Antique, le Moderne - L'AMo, la ville de Nantes, le Conseil départemental de la Loire Atlantique, Le conseil régional des Pays de la Loire.
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