XXI. Éveil
- Titre
- XXI. Éveil
- Type
- Actes de colloque
- Créateur
- Association de la Garenne Lemot
- Date
- Publication des Actes : 2019
- Description
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L'éveil renvoie à la naissance dont il renouvelle et banalise le miracle. Il s'oppose au sommeil ou plutôt à l'endormissement, pris comme retrait dans un monde intérieur et anticipation de la mort. Mais qu'y a-t-il de commun entre l'éveil physiologique propre à tous les animaux, et l'éveil spirituel réservé à quelques élus, en passant par toutes sortes d'éveils spécifiques qui touchent la sensibilité, l'imagination, l'intelligence, la créativité ?
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Extrait de la 4ème de couverture _ Presses Universitaires de Rennes (PUR)
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Pour les Entretiens XX, XXI et XXII :
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"Pour étudier ces passages, ces renversements, ces réversions, nous disposons dans le cadre des "Entretiens", d’un dernier texte élaboré et revu par Jackie Pigeaud pour "L’Intérieur", et de notes utilisées pour l’exposé oral de "L’Eveil", auxquels nous avons ajouté les quelques lignes conçues pour "La connaissance de soi" et des extraits de textes antérieurs. Je m’abstiendrai ici du commentaire direct de ces derniers textes, encore que persuadée de l’importance de l’appel à d’Aubigné que recèle, par exemple, l’Eveil. « Comme un nageur venant du profond de son plonge / Tous sortent de la mort comme l’on sort d’un songe. » La mort ne serait-elle qu’un plongeon abyssal et ressemblerait-elle à un songe dont on pourrait escompter revenir ?
« La viscéralité, le sentiment de soi » est le dernier article publié dans "Les Entretiens". Impossible de ne pas reconnaître sa portée testamentaire.
"Je tourne autour, depuis longtemps, d’un sujet terrible, mais que je crois essentiel pour l’histoire de l’imaginaire culturel. Il s’agit ni plus ni moins que d’introduire l’individu dans cette histoire ; je veux dire l’individu vivant, avec sa sensation d’être vivant, la prise de connaissance de lui-même dans son individualité, son intimité, le sentiment de soi."
Jackie Pigeaud revient une nouvelle fois sur sa traduction des vers d’Eschyle dans lesquels le chœur exprime son épouvante quand Agamemnon, revenu de Troyes, rentre dans son palais : la 'kardia', les 'phrène's, le 'thymos', les entrailles ('splagchna'), le cœur ('kêr') font entendre, chacun, leurs voix dans une cacophonie épouvantable. Tant d’organes différents auraient-ils le droit de s’exprimer en nous ? Mêmes les bijoux de famille de Diderot sont laissés en arrière !
Jackie en arrive alors à la cénesthésie (ou caenesthésie). Je me rappelle mon étonnement à seize ans, en Terminale, quand j’ai rencontré chez Merleau-Ponty ce mot qui disait l’union secrète de sensations en les rapportant à un soi énigmatique. Légèreté, plasticité, élévation, éclat, ou, au contraire, 'aphanisis', confusion, etc. Jackie Pigeaud nous apprend que le terme de cénesthésie est dû à Hübner, un élève de Reil à Halle, et apparaît dans sa thèse de 1794 pour désigner une sorte de « sixième sens », un « sens autonome, irréductible à la somme de tous les autres et qui nous renseigne, sur un mode agréable ou désagréable, sur l’existence de notre corps », pour reprendre les termes de Jackie. Ce sentiment serait faible dans l’état de santé et, au contraire, très puissant dans les maladies, contre lesquelles il nous enseignerait à lutter.
Quels rapports établir entre le chaos des informations sensorielles et la conscience globale d’un soi ? Jackie prétend donner la voix aux véritables intéressés, à ceux qui sont oubliés, aux souffrants. Sa lassitude s’exprime soudain devant ces écrits savants. « Il manque » quelque chose ou plutôt « quelqu’un dans ces recherches : "c’est le patient" ». De même qu’il ne faut pas réduire les « histoires » des patients à de simples cas ; de même, il ne faut pas que la présumée cénesthésie masque « le questionnement angoissant sur [notre] propre souffrance interne ». Traiter de la mélancolie, pour Jackie, c’est toujours traiter d’un ressenti, dans lequel se recroisent l’imaginaire culturel et le malaise le plus intime. Si la mélancolie diffère des autres maladies, c’est qu’elle soulève drastiquement le problème du rapport entre la souffrance et son sens, entre le monisme et le dualisme, entre l’être un et l’être deux. Comment pouvons-nous non pas avoir à la fois une âme et un corps, mais être à la fois l’un et l’autre ? Force est de constater que notre corps est poète et que la mélancolie nous renvoie aux racines mêmes du processus de création. « Vivre est un acte poétique»."
| Baldine Saint Girons, "Savoir et création", XXIIIe Entretiens de la Garenne Lemot, Rennes, PUR, 2022, p.170-172"|
- Format
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- 394 pages
- 22 interventions
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- In memoriam Edouard Pommier, p. 11
- Baldine Saint Girons, Institut Universitaire de France (membre senior), professeur émérite de l’Université de Paris X-Nanterre, (philosophie) : Présentation, p. 13-19.
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Première partie – Définitions : inspiration, seuil, entre-deux
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- Philippe Heuzé, professeur émérite de l’Université de Paris III Sorbonne Nouvelle (latin) : « L’éveil de la Muse », p. 23-29.
- Yolaine Escande, CNRS-EHESS, Paris (spécialiste de la Chine) : « Éveil et peinture en Chine », p. 31—41.
- Romain Pigeaud, docteur, chercheur associé, UMR 6566-CReAAH du CNRS, université de Rennes &, CRAL – UMR 8566 EHESS/CNRS (préhistoire – art pariétal) : « L'éveil des sens : physiologie et sexualité dans l'art des cavernes européen », p. 43-63.
- Etienne Wolff, Université de Paris X-Nanterre, UMR 7041 ArScAn, Institut Universitaire de France (latin) : « Éveiller à la sagesse : les "Disticha Catonis" », p. 57-79.
- Patrick Dandrey, Université de Paris IV-Sorbonne (littérature française XVIIe siècle) : « Agnès au bois dormant : un éveil comique (sur "L’École des femmes" de Molière) », p. 81-92.
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Deuxième partie – Musique : mélancolie et jouissance du temps
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- Giovanni Lombardo, Université de Messine, Italie (philosophie) : « L’aube naît et ta porte est close. Le 'paraklausíthyron' et l’éveil de sa belle », p. 95-106.
- Brenno Boccadoro, Université de Genève (musicologie) ; « La musique et le sommeil », p. 107-130.
- Bernardino Fantini, Université de Genève, Centre Jeantet d’histoire de la médecine : « ‘La musique éveille le temps’ » : la forme musicale comme métaphore de la vie », p. 131-164.
- Pierre Maréchaux, Institut Universitaire de France, Membre correspondant de l’IEA Nantes, Université de Nantes (littérature latine) : « L’éveil entre programme et glose : de la musique comme 'expédient' de la signification (ou de la signification comme 'expédient' de la musique) : Ravel, Schumann, Albeniz », p. 165-177.
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Troisième partie – Arts plastiques : onirisme, inertie, abstraction
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- Yves Hersant, EHESS, Paris (philosophie de la Renaissance) : « Sur un dessin de Michel-Ange : "Le Songe de la vie humaine" », p. 181-189.
- Clélia Nau, Université de Paris VII (philosophie) : « 'Vorrei che fousse l’aurora'. Éveil et torpeur dans "La Naissance de Bacchus" de Poussin », p. 191-215.
- Arnaud Maillet, Université de Paris IV Sorbonne Lettres (histoire de l’art contemporain) : « Eveil et réveillon dans la théorie de la pratique picturale au XVIIIe siècle », p. 217-244.
- Chakè Matossian, Académie royale des Beaux-Arts - École supérieure des Arts, Bruxelles (philosophie) : « Combien ai-je dormi ? », p. 245-264.
- Céline Flécheux, Université de Paris VII (histoire de l’art) : « Tête, socle et plateau : les conditions de l’éveil chez Brancusi », p. 265-282.
- Quatrième partie – Mythe, science, littérature : métamorphose et résurrection
Jean-Luc Le Quellec, CNRS – Institut des Mondes africains (ethnologie, anthropologie, préhistoire) : « Éveil, sommeil et mort », p. 285-297.
- Jacques A. Gilbert, Université de Nantes (littérature comparée) : « L'éveil de l’axiome de l’intérêt : du 'potlatch' à l’échange individualisé », p. 299-313.
- Yvon Le Gall, Professeur émérite de l’Université de Nantes (droit) : « Protéger la conscience en éveil », p.315-342.
- Jackie Pigeaud, Membre senior honoraire de l’Institut Universitaire de France, Université de Nantes (latin, histoire de la médecine) : « Éveil – Résurrection – Agrippa d’Aubigné (1552-1630) », p. 343-352.
- Jocelyne Aubé-Bourligueux, professeur émérite de l’Université de Nantes (littérature espagnole) : « Miguel de Cervantes et la ‘mélancolique’ mort de Don Quichotte : réflexion autour du passage initiatique de la ‘folie’ du héros à son ‘éveil’ raisonné-raisonnable, p. 353-369.
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Conclusion
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- Baldine Saint Girons, Membre senior de l’Institut Universitaire de France, professeur émérite de l’Université de Paris X-Nanterre (philosophie) : « Endormi, éveillé, comment me sentir un? Rêve, rêverie, folie », p. 371-390.
_________________ - Contributeur
- Avec le soutien de l'université de Nantes, le laboratoire L'Antique, le Moderne - L'AMo, la ville de Nantes, le Conseil départemental de la Loire Atlantique.
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Ressources liées
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