XX. L'Intérieur
- Titre
- XX. L'Intérieur
- Type
- Actes du colloque
- Créateur
- Association des Entretiens de la Garenne Lemot
- Date
- Publication des Actes : 2017
- Description
-
Force est de constater le basculement ou la réversion qui font passer de l'intérieur à l'extérieur et inversement. Jusqu'à quel point le dedans peut-il absorber le dehors en l'intraversant, et le dehors avoir raison du dedans en l'extraversant ? L'intérieur le plus intérieur, est-ce Dieu ou le diable ? Est-ce un principe transcendant à l'homme ou bien l'être humain comme tel ? Et quels rapports l'intérieur entretient-il avec les vicissitudes de l'histoire ?
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Extrait de la 4ème de couverture _ Presses Universitaires de Rennes (PUR)
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Pour les Entretiens XX; XXI; XXII :
"Pour étudier ces passages, ces renversements, ces réversions, nous disposons dans le cadre des "Entretiens", d’un dernier texte élaboré et revu par Jackie Pigeaud pour "L’Intérieur", et de notes utilisées pour l’exposé oral de "L’Eveil", auxquels nous avons ajouté les quelques lignes conçues pour "La connaissance de soi" et des extraits de textes antérieurs. Je m’abstiendrai ici du commentaire direct de ces derniers textes, encore que persuadée de l’importance de l’appel à d’Aubigné que recèle, par exemple, l’Eveil. « Comme un nageur venant du profond de son plonge / Tous sortent de la mort comme l’on sort d’un songe. » La mort ne serait-elle qu’un plongeon abyssal et ressemblerait-elle à un songe dont on pourrait escompter revenir ?
« La viscéralité, le sentiment de soi » est le dernier article publié dans "Les Entretiens". Impossible de ne pas reconnaître sa portée testamentaire.
"Je tourne autour, depuis longtemps, d’un sujet terrible, mais que je crois essentiel pour l’histoire de l’imaginaire culturel. Il s’agit ni plus ni moins que d’introduire l’individu dans cette histoire ; je veux dire l’individu vivant, avec sa sensation d’être vivant, la prise de connaissance de lui-même dans son individualité, son intimité, le sentiment de soi."
Jackie Pigeaud revient une nouvelle fois sur sa traduction des vers d’Eschyle dans lesquels le chœur exprime son épouvante quand Agamemnon, revenu de Troyes, rentre dans son palais : la 'kardia', les 'phrène's, le 'thymos', les entrailles ('splagchna'), le cœur ('kêr') font entendre, chacun, leurs voix dans une cacophonie épouvantable. Tant d’organes différents auraient-ils le droit de s’exprimer en nous ? Mêmes les bijoux de famille de Diderot sont laissés en arrière !
Jackie en arrive alors à la cénesthésie (ou caenesthésie). Je me rappelle mon étonnement à seize ans, en Terminale, quand j’ai rencontré chez Merleau-Ponty ce mot qui disait l’union secrète de sensations en les rapportant à un soi énigmatique. Légèreté, plasticité, élévation, éclat, ou, au contraire, 'aphanisis', confusion, etc. Jackie Pigeaud nous apprend que le terme de cénesthésie est dû à Hübner, un élève de Reil à Halle, et apparaît dans sa thèse de 1794 pour désigner une sorte de « sixième sens », un « sens autonome, irréductible à la somme de tous les autres et qui nous renseigne, sur un mode agréable ou désagréable, sur l’existence de notre corps », pour reprendre les termes de Jackie. Ce sentiment serait faible dans l’état de santé et, au contraire, très puissant dans les maladies, contre lesquelles il nous enseignerait à lutter.
Quels rapports établir entre le chaos des informations sensorielles et la conscience globale d’un soi ? Jackie prétend donner la voix aux véritables intéressés, à ceux qui sont oubliés, aux souffrants. Sa lassitude s’exprime soudain devant ces écrits savants. « Il manque » quelque chose ou plutôt « quelqu’un dans ces recherches : "c’est le patient" ». De même qu’il ne faut pas réduire les « histoires » des patients à de simples cas ; de même, il ne faut pas que la présumée cénesthésie masque « le questionnement angoissant sur [notre] propre souffrance interne ». Traiter de la mélancolie, pour Jackie, c’est toujours traiter d’un ressenti, dans lequel se recroisent l’imaginaire culturel et le malaise le plus intime. Si la mélancolie diffère des autres maladies, c’est qu’elle soulève drastiquement le problème du rapport entre la souffrance et son sens, entre le monisme et le dualisme, entre l’être un et l’être deux. Comment pouvons-nous non pas avoir à la fois une âme et un corps, mais être à la fois l’un et l’autre ? Force est de constater que notre corps est poète et que la mélancolie nous renvoie aux racines mêmes du processus de création. « Vivre est un acte poétique ».
| Baldine Saint Girons, "Savoir et création", XXIIIe Entretiens de la Garenne Lemot, Rennes, PUR, 2022, p.170-171"| - Format
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- 402 pages
- 21 interventions -
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Dieu, le diable et l’homme
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- Baldine Saint Girons, Institut Universitaire de France, Université de Paris X-Nanterre (philosophie) : « L’homme intérieur et le désir du dedans », p. 17-28.
- Jacques Athanase Gilbert, Université de Nantes (littérature comparée) : « L’exposition de l’intime : l’intérieur réversé », p. 29-41.
- Pierre Maréchaux, Institut Universitaire de France (membre junior honoraire), Université de Nantes, membre correspondant de l’IEA Nantes (littérature latine) : « Les avanies de la 'kalêpsis' : Lipse et le passage de la contemplation à l’action », p. 43-56.
- Yves Hersant, EHESS, Paris (philosophie de la Renaissance) : « Le Diable en l’homme », p. 57-66.
- Françoise Graziani, Université de Corte (philosophie) : « 'Est Deus in nobis' ; inspiration et conscience poétique », p. 67-78.
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Formules, images, statuts
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- Jean Dhombres, Centre Koyré, EHESS, Paris (histoire des mathématiques) : « Une formule n’est-elle qu’une forme sans intérieur ? », p. 81-106.
- Arnaud Maillet, Université de Paris 4 Sorbonne (histoire de l’art contemporain) : « 'Ut matrix camera obscura'. Entre optique et embryologie, la formation de l’image au sein de la chambre obscure (XVIe–XIXe siècles) », p. 107-167.
- François Clément, Université de Nantes, CRHIA, Nantes, CESCM, Poitiers (arabe) : « Comment être dedans quand on est dehors. Les anciens Arabes et la science selon les "Ṭabaqāt al umam" de Ṣācid l’Andalou », p. 169-183.
- Yvon Le Gall, professeur émérite de l’Université de Nantes (droit) : « L’aristocrate comme figure de l’ennemi de l’intérieur », p. 185-208.
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Figures de l’intérieur dans les différents arts
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- Brenno Boccadoro, Université de Genève (musicologie) : « 'Diabolus in musica' », p. 211-229.
- Yolaine Escande, CRAL, CNRS-EHESS, Paris (littérature chinoise) : « ‘Puiser aux sources de son cœur’: Intérieur et intériorité dans les arts chinois », p. 231-243.
- Clélia Nau, Université de Paris 8 (philosophie) : « L’aquarium, le fruit creux, la chambre – Monet, Bosch, Kubrick », p. 245-281.
- Céline Flécheux, université de Paris 7 (histoire de l’art) : « La Petite danseuse de 14 ans d’Edgar Degas depuis l’intérieur de sa vitrine de verre », p. 283-294.
- Romain Pigeaud, Institut de Paléontologie humaine , UMR 6566 « CReAAH », Université de Rennes (chercheur associé) : « Il faudra bien ressortir ! La grotte, passage obscur, intérieur nuit », p. 295-315.
- Filippo Fimiani, Université de Salerno, Italie (philosophie) : « Autoportrait hors-sujet », p. 317-328.
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Le sentiment de soi, l’image de soi
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- Jackie Pigeaud, Institut Universitaire de France, membre senior honoraire, professeur émérite de l’Université de Nantes (littérature classique, histoire de la pensée médicale) : « La viscéralité – Le sentiment de soi-même », p. 331-344.
- Giovanni Lombardo, Université de Messine, Italie (esthétique) : « L’intérieur dans le style épistolaire: la lettre comme 'imago animi' », p. 345-357.
- Philippe Heuzé, professeur émérite de l’Université de Paris 3 - Sorbonne nouvelle (littérature latine): « Le souffle intérieur, spiritus intus alit », p. 359-363.
- Etienne Wolff, Université de Paris 10 Nanterre (latin) : « Intérieur et extérieur : le thème de l’hypocrisie et de la dissimulation dans quelques poèmes de l’Anthologie latine d’époque vandale », p. 365-375.
- Jocelyne Aubé-Bourligueux, professeur émérite de l’Université de Nantes (littérature espagnole) : « Prélude au voyage initiatique de Federico García Lorca 'Poète à New York' : ou dans les coulisses secrètes de l'homme intérieur », p. 377-391.
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Conclusion
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- Baldine Saint Girons, Institut Universitaire de France, Université de Paris X-Nanterre (philosophie) : Retour sur un parcours, p. 393-398.
_________________ - Contributeur
- Avec le soutien de l'université de Nantes, le laboratoire L'Antique, le Moderne - L'AMo, la ville de Nantes, le Conseil départemental de la Loire Atlantique, Le conseil régional des Pays de la Loire.
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